Un vrai coup de pouce pour apprendre aux enfants à aimer la lecture


Saint-Quentin - Clubs Coup de pouce

 

 

Depuis 10 ans, les clubs Coup de pouce accompagnent certains enfants de CP dits  "fragiles" pour les faire progresser                    dans l’écriture et la lecture. Avec un succès certain.

 

    Ils ont tous un point commun : d’une manière ou d’une autre, la soixantaine d’enfants qui fréquente chaque année un des douze clubs Coup de pouce de la ville, est éloignée de la culture écrite. L’objectif est qu’ils réussissent dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

 

    Pour y parvenir, cinq enfants des classes de cours préparatoire de chaque école située en réseau d’éducation prioritaire sont choisis par les enseignants pour intégrer cette structure où leur est fourni de manière ludique, d’une pratique supplémentaire de l’écrit et de la lecture. Ils se retrouvent durant 1 h 30 quatre fois par semaine après l’école. Et souvent, la réussite est au bout.

 

Avec ce club, ils sauront lire 

 

    "La plupart de ces enfants n’ont pas la chance d’avoir des livres à la maison, ou ne bénéficient pas forcément de l’écoute de leurs parents. Mais on sait qu’au bout du compte, avec ce club, ils sauront lire, explique Florian Moriaux, instituteur et animateur du club Coup de pouce à l’école Jean-Macé. Aucun parent ne trouve de prétexte à ne pas emmener leur enfant au club Coup de pouce."

 

     Les parents justement ne tarissent pas d’éloges sur les bienfaits de ce dispositif sur leurs enfants. Prescillia Macaigne a son fils Jordan qui a participé au club Coup de pouce à l’école des Girondins l’an dernier. La métamorphose est spectaculaire. "Il avait un peu de difficulté pour lire et il n’écrivait pas très bien. Et en un rien de temps, il a vachement progressé, ça m’a vraiment surpris. Avant, il écrivait très gros, et maintenant, c’est l’inverse. Il écrit même mieux que son frère qui est en CM2 et qui n’a pas fait le club. Au niveau des devoirs, il y arrive tout seul. Et il parle mieux, il est plus autonome. Mais surtout, il prend plaisir à prendre un livre. Et désormais, il lit tout ce qu’il peut, même les prospectus et les étiquettes des aliments ! Il ne faut pas que les parents hésitent à y mettre leur enfant."

 

Pour elle, ce n’est pas une punition 

 

    Un autre père de famille, dont la belle fille est inscrite cette année à ce club, confirme. "Elle est plus épanouie dans tout, dans sa façon d’être, sa manière de s’exprimer. Pour elle, ce n’est pas une punition, elle est heureuse d’y participer. Maintenant, elle cherche à vouloir lire par elle-même, on ne la force pas, on n’a plus besoin de la pousser."

 

    À l’école Eugène Corette aussi, on adhère. Delphine Prault a eu ses deux enfants, Louis et Octave, qui ont bénéficié du club Coup de pouce. "Octave avait des soucis de concentration, ça lui a apporté beaucoup. Maintenant, il s’intéresse aux mots, à la poésie, aux histoires, il adore lire. Grâce au Coup de pouce, Louis a découvert les échecs et le tir à l’arc par des histoires. Il est maintenant en 4e à Marthe-Lefèvre et il a 16 de moyenne en français !"

 

    Amélie Foulon est la maman de Clara, inscrite cette année au club Coup de pouce            de Corette. Elle aussi mesure les progrès accomplis par sa petite. "Heureusement qu’il y avait cela en début d’année car Clara avait du mal à écrire. C’est sa maîtresse qui m’en avait parlé, et depuis qu’elle y est, Clara a fait beaucoup de progrès depuis le début. Elle est demandeuse pour lire des livres désormais, ce qui n’était pas le cas avant, elle est plus curieuse. Et sur l’écriture, c’est plus propre, alors qu’avant, elle s’en foutait. Si je la retire du club, elle m’en voudra !"

 

 

66 000 euros par an

 

    Les clubs coup de pouce sont proposés depuis 2007 à Saint-Quentin, au départ avec trois clubs, pour arriver à 12 en 2017. Depuis le mois de novembre, les écoles Laroche et Lavisse proposent un club lecture-écriture et mathématique. Chaque club compte 5 enfants.

 

    Toutes les écoles situées en REP bénéficient de ce dispositif qui concerne donc une soixantaine d’enfants de CP chaque année. Ils sont repérés par leur enseignant comme ayant des fragilités dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. 92 % des enfants qui ont intégré ces clubs n’ont plus de difficultés de lecture à la fin de l’année. Le coût financier annuel s’élève à 66 000 euros, financé à hauteur de 24 000 euros par la CAF.

 

C’est très positif

 

    Depuis trois ans, l’institutrice de l’école des Girondins co-anime le club Coup de pouce de son établissement. Elle reconnaît que ce dispositif porte ses fruits.

 

Quels progrès avez-vous constatés chez les enfants qui participent au club Coup de pouce ? 

 

    Ce dispositif ne concerne pas des enfants en grosse difficulté, mais des enfants qui  ont justement besoin d’un coup de pouce. On sait que la lecture à la maison ne sera pas faite pour des raisons diverses. Donc limiter le nombre d’enfants à 5 est très bien, car travailler en petit groupe leur donne confiance. Ils gagnent en assurance, chacun amène sa pierre à l’édifice, les enfants s’entraident. "

 

Les séances se déroulent à peu près de la même façon, est-ce une contrainte ? 

 

    "Il y a un fascicule sur la manière de mener la séance, mais on peut toujours y déroger, surtout en début d’année. C’est une ossature qui nous donne les grandes lignes car chaque séance dure une heure et demie. À chaque fois, on discute de ce qu’ont              fait les enfants lors de la journée, puis il y a un temps imparti à chaque activité, et les devoirs, ils les font avec nous. Ça peut paraître très long, mais en fait, ça passe très           vite ! "

 

Sentez-vous que l’implication des parents est importante pour la réussite de ce programme ? 

 

    "Oui. Souvent, je vais leur dire comment ça s’est passé. Si l’enfant voit qu’on s’intéresse à lui, c’est très positif. Une petite fille sait maintenant lire tous les mots, ce qu’elle ne savait pas faire au mois de novembre. Mais cela fait aussi des jaloux. Une maman nous a suppliés de prendre son enfant car il refusait de lire à la maison. "

 

par Grégory Beuscart

(L'Aisne nouvelle – dimanche 8 janvier 2017) 

 

 

 

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Soumis par   le 23 Janvier 2017