Quelle actualité pour l’étude de ces « textes du répertoire » ?


Par Dominique Seghetchian

Les enseignants de français savent que les textes du répertoire et leur langue classique ne séduisent plus la génération qui fréquente des collèges et lycées massifiés, vit dans une société où la culture littéraire n’est plus guère considérée quand elle n’est pas, à l’instar de la Princesse de Clèves, vouée à l’opprobre par de hauts personnages de l’État, une génération qui a, de plus, bien d’autres objets d’apprentissage. Les enseignants, en partenariat avec les professionnels de la culture, ont trouvé bien des stratégies pour permettre à leurs élèves l’accès au genre dramatique, tant en s’appuyant sur le répertoire jeunesse et le répertoire contemporain, que grâce à l’actualisation de textes classiques par des mises en scène contemporaines.

Trois spectacles, dans leur représentation de 2016, démontrent ou interrogent l’actualité de textes du répertoire (cliquer sur l’image pour accéder à l’analyse de la mise en scène ou au document).

 

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Tartuffe, mise en scène
de Luc Bondy

Au début de l’année, Les Ateliers Berthier de l’Odéon ont repris la dernière mise en scène de Luc Bondy, récemment décédé, celle du Tartuffe. La documentation fournie aux spectateurs éclaire véritablement la lecture du dramaturge, entre interrogation sur le texte de Molière dans le contexte du « Grand Siècle » et sur ce qu’il dit pour aujourd’hui : au sujet de la manipulation, de la crise d’une famille, de la protection que l’on peut être amené à rechercher (et parfois à trouver) du côté du pouvoir.

 

 

Documentation fournie aux spectateurs par le Théâtre de l’Odéon

 

 

 

La Dispute, de Marivaux,
mis en scène par Jacques Vincey[1]

Jacques Vincey et les six jeunes comédiens du Jeune théâtre en région Centre-Val de Loire (JTRC) ont présenté La Dispute. Cette pièce en un acte n’est pas l’une des plus connues de Marivaux qui l’a retirée à la fin de la première représentation. Cette proposition met à l’épreuve la culture personnelle de l’enseignant et illustre la difficulté d’entrainer, sur la seule foi du nom de l’auteur et de la notoriété du metteur en scène, les élèves dans des « sorties » dont la valeur culturelle et éducative sera limitée –de l’importance du texte !

 

 

 

 

Trissotin ou Les femmes savantes, mis en scène par
Macha Makaïeff

La metteure en scène reprend là le titre donné par l’auteur lors de la reprise de la pièce. Une captation par Franck Chaudemanche de cette excellente représentation est disponible en replay jusqu’au 18 juillet 2016 en suivant le lien : http://culturebox.francetvinfo.fr/live/theatre/theatre-classique/trissotin-ou-les-femmes-savantes-de-moliere-macha-makeieff-233229

Le texte versifié est particulièrement respecté et la distribution intègre Valérie Bezançon qui a supervisé le travail de diction. La mise en scène est foisonnante. Le projet artistique actualise le texte et lui donne sens dans le monde contemporain tandis que l’inscription dans les années soixante-dix, par le décor et le design, introduit la distance nécessaire à la réflexion.

A la veille de la mise en place des EPI, ce spectacle nous rappelle par ailleurs qu’il ne suffit pas d’avoir soif d’apprendre, il ne suffit pas de faire, d’admirer, de mémoriser pour comprendre et interpréter (savoir « trier », hiérarchiser…) donc pour apprendre.

 



[1]http://www.cdrtours.fr/spectacle/la-dispute où l’on trouvera une interview de Jacques Vincey, la bande annonce, le « teazer »

Soumis par   le 10 mai 2016