Quand le tréma se déplace, de Romain Muller


Chronique d'orthographe rectifiée

 

Le tréma est déplacé sur la lettre u prononcée dans les suites -güe- et -güi- : ambigüité, une voix aigüe, une question ambigüe

De plus, il est ajouté dans quelques mots pour en préciser la prononciation : argüer (j’argüe, nous argüons, etc.), gageüre, rongeüre.

La rectification qui nous intéresse aujourd’hui est assez marginale et touche peu de mots. Elle n’en est pas moins extrêmement intéressante.

Dans les justifications officielles, on peut lire que « le déplacement du tréma évite des difficultés de lecture ; son ajout empêche des prononciations jugées fautives ». À cela, les opposants s’empressent de déclarer que la nouvelle règle est en fait une complication, car l’ancienne partait du principe — évident selon eux — que le tréma se met sur la deuxième voyelle. Or, cet argument ne tient pas une seule seconde.

Examinons-le de plus près. Mais commençons par noter un fait intéressant — et là, tous les profs de français pourront témoigner —, à savoir que l’on voit très souvent, dans les copies d’élèves, des formes comme ambigüité, aigüe, ambigüe (formes recommandées en nouvelle orthographe, mais qui étaient fautives auparavant), mais jamais *mäis au lieu de maïs. Comment se fait-il alors que depuis longtemps, nombre d’élèves mettaient le tréma sur le u alors même que dans des mots comme ambigüité, le u n’est pas la deuxième voyelle ? La raison est simple : le tréma ne sert pas à « découper » deux voyelles, mais deux lettres. Dans maïs, il sépare le a du i, qui, sinon, formeraient un seul son ; le fait que ces deux lettres soient des voyelles n’est qu’une coïncidence, laquelle ne se produit pas dans le mot ambigüité, où les lettres à séparer sont g et u, qui, si elles n’étaient pas séparées, formeraient un seul son. Intuitivement, depuis des générations, nombre de jeunes élèves appliquaient une règle plus logique et avaient compris quelque chose que certains opposants attardés aux rectifications de l’orthographe n’ont toujours pas réussi à se mettre dans la tête…

 

Pour en savoir plus sur la nouvelle orthographe, on peut consulter le site www.orthographe-recommandee.info. Des indications destinées plus spécifiquement aux enseignants sont disponibles sur www.orthographe-recommandee.info/enseignement.

Soumis par   le 19 Novembre 2011