Pourquoi il est urgent de mettre à jour notre orthographe


Tribune signée par l'AFEF

« Pourquoi il est urgent de mettre à jour notre orthographe »

Tribune

Collectif

 

A l’initiative du collectif Les linguistes atterré(e)s, plusieurs dizaines de linguistes, enseignants, universitaires et personnalités de la culture, parmi lesquels Claude Hagège, Bernard Cerquiglini, Geneviève Brisac, Annie Ernaux, Marie Desplechin, Cynthia Fleury, Bernard Lahire et Sandra Laugier proposent, dans une tribune au « Monde », une application beaucoup plus large des rectifications orthographiques de 1990.

 

Publié le 15 octobre 2023 à 15h00, modifié le 16/10 à 10h19  

 

Sommes-nous forcés d’écrire à la plume, de lire à la bougie ? Et pourtant, partout, on nous impose de lire et d’écrire avec une orthographe de 1878, oui, 1878. Alors que l’orthographe rectifiée de 1990 figure dans tous les dictionnaires, dont celui de l’Académie française.

 

C’est pourquoi, nous, francophones de différents pays, demandons à nos institutions, mais aussi aux médias, aux maisons d’édition, aux entreprises du numérique, de nous offrir des textes, des messages, en nouvelle orthographe, et d’aller plus loin dans cette voie. Réformer l’orthographe ne veut pas dire réformer la langue. On peut être bon en français, par la richesse de son vocabulaire, sa créativité et son argumentation, et mauvais en orthographe. Et c’est de plus en plus le cas aujourd’hui.

 

Les enquêtes PISA et PIRLS (Programme international pour le suivi des acquis des élèves et Programme international de recherche en lecture scolaire) indiquent que les pays francophones consacrent plus d’heures à l’enseignement de la langue maternelle que les autres pour des résultats plus faibles, et que les élèves français s’abstiennent plus souvent de répondre, probablement par peur de la faute. L’opacité de notre orthographe en est en partie responsable. Et le temps passé à enseigner ses bizarreries et incohérences l’est au détriment de l’écriture créative et de la compréhension.

 

L’orthographe, née avec l’imprimerie, n’a cessé, au fil du temps, d’être retravaillée par les grammairiens, les imprimeurs, et par l’Académie française jusqu’à la fin du XIXe siècle. On estime qu’entre les XVIIe et XIXe siècles, la moitié des mots ont vu leur graphie changer au fil des réformes. Depuis, plus rien, alors que la plupart des langues européennes mettent à jour leur orthographe régulièrement, pour accompagner leur évolution.

 

L’usage pourra trancher...
La suite en ligne dans le Monde
(réservé aux abonnés, nous demander le texte complet à afef.contact@gmail.com)

 

Ce texte a été rédigé en observant les recommandations orthographiques préconisées par les auteurs.

 

 

Parmi les signataires : 
Anne Abeillé,
 membre du collectif Les Linguistes atterrés, université Paris Cité ; Julie Auger, linguiste atterrée, Université de Montréal ; Mathieu Avanzi, linguiste, Université de Neuchâtel (Suisse) ; Clémentine Beauvais, autrice jeunesse ; Caroline Benjo, productrice de cinéma, société Haut et Court ; Christophe Benzitoun, linguiste atterré, université de Lorraine ; Geneviève Brisac, écrivaine ; Stéphane Bureau, directeur général des éditions Retz ; Heather Burnett, linguiste atterrée, CNRS ;  Maria Candéa, linguiste atterrée, Sorbonne Nouvelle ; Bernard Cerquiglini, linguiste, université Paris Cité ; Cécile Coulon, autrice ; Marie Darrieussecq, écrivaine ; Jean-François de Pietro, linguiste, délégation suisse à la langue française ; Annie Desnoyers, linguiste, Université de Montréal ; Marie Desplechin, autrice ; Xavier Dessaucy, Association belge des professeurs de français de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; Anne Dister, linguiste, Université de Louvain (Belgique) ; Cynthia Eid, présidente de la Fédération internationale des professeurs de français ; Annie Ernaux, autrice ; Michel Fayol, psycholinguiste, université de Clermont-Ferrand ; Cynthia Fleury, philosophe, CNAM ; Françoise Gadet, linguiste atterrée, université de Nanterre ; Médéric Gasquet-Cyrus, linguiste atterré, université Aix-Marseille ; Antoine Gautier, linguiste atterré, Sorbonne Université ; Claude Gruaz, linguiste, CNRS ; Claude Hagège, linguiste, Collège de France ; Arnaud Hoedt, auteur atterré ; Jean-Marie Klinkenberg, linguiste atterré, membre de l’Académie royale de Belgique ; Bernard Lahire, sociologue, CNRS ; Mathilde Larrère, historienne ; Sandra Laugier, philosophe, université Panthéon-Sorbonne ; Michel Launey, linguiste atterré, Université de Paris ; Georges Legros, linguiste, Université de Namur (Belgique) ; Marie-Louise Moreau, linguiste, Université de Mons ; Julie Neveux, linguiste atterrée, Sorbonne Université ; Michel Ocelot, cinéaste ; Rachel Panckhurst, linguiste atterrée, université de Montpellier ; Katya Pelletier, présidente de l’Association québécoise des professeurs de français ; Charles Pépin, philosophe ; Jérôme Piron, auteur ; Dan Van Raemdonck, linguiste atterré, Université libre de Bruxelles ; Elisabeth Roudinesco, historienne, vice-présidente de l’Institut histoire et lumières de la pensée ; Corinne Rossari, linguiste atterrée, Université de Neuchâtel ; Pierre Serna, historien, université Panthéon-Sorbonne ; Anne Catherine Simon, linguiste, Université de Louvain (Belgique) ; Gilles Siouffi, linguiste atterré, Sorbonne Université ; Liliane Sprenger-Charolles, psycholinguiste, membre du Conseil scientifique de l’éducation nationale ; Agnès van Zanten, sociologue de l’éducation, CNRS ; Laélia Véron, linguiste atterrée, université d’Orléans ; Henriette Walter, linguiste, université de Rennes ; Martin Winckler, auteur ; Viviane Youx, présidente de l’Association française pour l’enseignement du français ; Valérie Zenatti, écrivaine.

 

Soumis par   le 17 Octobre 2023