(D)Écrire, prescrire, interdire : les professionnels face à la littérature de jeunesse aujourd'hui, Christine Mongenot Sylviane Ahr (éds)


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SOMMAIRE

 

PARTIE I
Une visée nécessairement éducative pour la littérature de jeuness
e?

Introduction.

Le débat  (Francis Marcoin, Nathalie Brisac, Pierre Bruno)  

Daniel Delbrassine
Le roman pour la jeunesse : un roman éducatif ? 

Hélène Weis
Des berquinades aujourd’hui ? Un récit qui s’impose sous le masque  

Lydie Laroque
Éducation aux valeurs et conte de transgression 

Anne-Marie Dionne
La féminité dans les livres en série en littérature de jeunesse : des modèles d’émancipation pour
tous les âges 
Marie N’Gom-Brillant 

Des albums de jeunesse contemporains au service d’une approche
interculturelle de l’Afrique ?

Laurence Breton, Cendrine Marro, et Gaël Pasquier
Le carnet de littérature, un outil pour réfléchir en classe à l’égalité
des sexes ? 

 

PARTIE II
La « segmentation » du lectorat : incontournable ou discutable ?

Introduction

Le débat( Sonia De Leusse-Le Guillou, Annick Lorant-Jolly,
Jean-Pierre Siméon)

Nathalie Brisach
Auteurs, Hauteurs, le point de vue d’un éditeur

Christian Grenier
En jeunesse, qui lit quoi ? et pourquoi ? 

Yves Grevet 
La littérature et ses choix de segmentation 

 

PARTIE III
Nouvelles formes, nouveaux objets, nouveaux lecteurs ?
  

Introduction 

Le  débat (Sylvie Vassallo, Anne de Liliac, Stéphane Roth) 

Sébastien Féranec
Lecture en ligne des mangas par les adolescents : enjeux éducatifs et éditoriaux

Carine Dellenbach
Le livre d’art pour la jeunesse et ses formes numériques : support d’apprentissage et d’éducation

artistique et culturelle ? 

Anne-Marie Petitjean
Les métamorphoses du livre jeunesse à l’heure des Digital Natives  

Sandrine Mathis
Littérature de jeunesse numérique et création  

Aurélie Maroquin
Les bibliothécaires jeunesse face aux applications numériques  

 

PARTIE IV
Nouvelles médiations ?
  

Introduction   

Le  débat (Jean-François Massol, Christian Poslaniec, Christian Chelebourg) 

Anne Leclaire-Halté
Les vertus éducatives de la littérature de jeunesse à l’école, à quelles conditions ? Remarques à
partir d’un album, Vu à la télé, de Claudine Desmarteau 

Agnès Perrin-Doucey
Création, édition, réception : une trilogie nécessaire selon les
éditions Bayard presse   

Marthe Fradet-Hannoyer
Les conceptions des professeurs des écoles débutants sur la lecture de
littérature de jeunesse à l’école 

Chiara Ramero 
Quelle(s) médiation(s) pour (re)donner le goût de lire aux adolescents
grâce à la littérature de jeunesse ? 

 

Paroles autour de la littérature jeunesse  
 

Aude Biren 
Si la littérature jeunesse m’était contée   

Jean Perrot
« Petit éloge de la lecture » 

 

Bio-Bibliographie

Auteurs

 

Présentation générale

L’émergence d’un champ de recherche pluridisciplinaire autour de la littérature de jeunesse est un phénomène que le colloque organisé en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France en juin 2011 a clairement confirmé. Cette rencontre, dont il a été rendu compte dans un ouvrage collectif[1], a révélé le foisonnement des travaux de recherche consacrés à la littérature de jeunesse, en particulier depuis son introduction dans les programmes d’enseignement de l’école primaire, ainsi que la multiplication des espaces de formation, des manifestations scientifiques et des publications qui lui sont désormais consacrés. Mais si l’on veut dépasser ce premier constat, déjà bien étayé, comment expliquer ce développement exponentiel de discours et de pratiques sociales, culturelles et scolaires autour de cet objet aux enjeux historiquement éducatifs ? On ne peut désormais se contenter d’observer et de recenser ces discours et ces pratiques hétérogènes, qui se développent dans des sphères professionnelles diverses et reposent sur des savoirs de référence eux-mêmes plus ou moins éclectiques.

Alors que la littérature de jeunesse s’affirme comme un objet de réflexions, d’analyses, de recherches au croisement de disciplines différentes (littérature, sociologie, histoire de l’art, histoire, sciences de l’éducation, psychologie, culture médiatique, étude du jeu, etc.), il nous semble important non seulement de réfléchir à ce qui fonde les discours des chercheurs dans ces différents champs en termes d’enjeux, d’usages et de pratiques (scolaires ou non), mais également de confronter ces discours à ceux tenus par d’autres acteurs du livre et de la lecture pour la jeunesse (créateurs, éditeurs, enseignants, bibliothécaires, libraires, militants associatifs, etc.). Se pose en effet une question centrale, celle de la place et de la définition qu’accordent les uns et les autres à la « jeunesse » destinataire de cette littérature, qu’il s’agisse de l’enfant, de l’adolescent ou du jeune adulte. Qu’entendent-ils respectivement, lorsqu’ils parlent des jeunes lecteurs et des actions artistiques et éducatives élaborées à leur intention ?

Ces réflexions ont été engagées dans le cadre de la première Biennale intitulée « La littérature de jeunesse : un ou des objet(s) en éducation ? », organisée par l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation de l’académie de Versailles[2] en avril 2014 à Gennevilliers. L’ouvrage reprend certaines des communications présentées lors de cette manifestation, qui a rassemblé créateurs, éditeurs, médiateurs, chercheurs. Et, en raison de leur ampleur, plusieurs de ces réflexions ont été poursuivies par d’autres contributeurs qui ont accepté de développer quelques-unes des questions soulevées lors des échanges. Le présent ouvrage se présente donc comme une synthèse des aspects traités lors de ces deux journées qui visaient à cerner  des enjeux possibles de la littérature de jeunesse et de sa lecture, selon que l’on se place du côté de la création, de l’édition ou de la médiation. Confronter ces différents points de vue conduit à analyser les critères et les systèmes de valeurs qui fondent les discours tenus et à mesurer leur compatibilité.

Original, utile, adapté à son lecteur, plaisant, créatif : longue est en effet la liste des critères sollicités autant pour valoriser que pour déprécier un livre « adressé[3] » à un jeune public. Est alors mis en avant tantôt sa veine créative tantôt sa simplicité excessive. Que nous dit cette contradiction de notre rapport au jeune lecteur ? Que révèle-t-elle de notre façon de concevoir la transmission culturelle entre adultes et enfants ? Que dit-elle des rapports entre littérature et éducation ? Où se situent, dans le champ culturel, les lignes de partage entre tous les discours tenus sur le livre pour la jeunesse par les différents acteurs, auteurs ou médiateurs, que ces derniers soient éditeurs, libraires, enseignants, bibliothécaires ou autres ? 

L’enjeu est donc de faire (ré)apparaitre dans le présent ouvrage la pluralité des conceptions derrière l’unicité apparente de l’objet « littérature de jeunesse » : tel est, dans chaque partie, le rôle affecté au « débat » derrière lequel s’organisent les différentes contributions et leurs éclairages particuliers. À la lecture de ces discours contrastés, il est aussi possible d’interpréter certaines occultations, certains actes de censure ou de relégation inscrits dans l’histoire de la littérature pour la jeunesse, histoire des œuvres, des livres et de leur médiation. Permettre la rencontre des acteurs, offrir un espace à leurs « disputes », autoriser la confrontation peuvent éclairer les causes de tensions sporadiques, de déchirements ponctuels du consensus – tels ceux suscités par le phénomène « Tous à poil ». Quelles œuvres (d)écrit-on, prescrit-on, interdit-on aujourd’hui ?, c’est la question à laquelle les professionnels de la littérature de jeunesse tentent ici d’apporter quelques éléments de réponse.

 

Le présent ouvrage ne fait qu’amorcer des questionnements sur lesquels nous reviendrons à l’occasion de la prochaine Biennale, intitulée Frontières et circulations : une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle ?[4] Celle-ci aura lieu les 7 et 8 juin 2017 à Gennevilliers. Elle associera des contributeurs appartenant à des champs professionnels variés, créateurs, médiateurs ou chercheurs et permettra d’approfondir ces débats sur la littérature de jeunesse en dépassant cette fois le cadre national.

 


[1]Recherches et formations universitaires en littérature de jeunesse. État des lieux et perspectives. Actes du colloque organisé le 22 juin 2011 par la BnF / Centre national de la littérature pour la jeunesse – La Joie par les livres en partenariat avec le Centre de recherches textes et francophonies de l'université de Cergy-Pontoise, 2012.

[2]École interne de l’Université de Cergy-Pontoise.

[3]« […]  la grande caractéristique de la littérature de jeunesse est, plus que tout autre, d’être “adressée” et de revendiquer hautement son destinataire […] », Jean Perrot, « Préface », La littérature de jeunesse, Nathalie Prince,  Paris, Armand Colin, Collection U », 2010 (2e éd. 2015), p. 5.

[4]L’appel à contributions sera accessible en ligne dans la première quinzaine du mois de juin 2016.

Soumis par   le 09 Juin 2016