Contrôle massif : une réponse au retour de déconfinement ?


Réponse à un Fil Info d'établissement : Propositions d’organisation relatives à l’évaluation lors de la reprise des cours ...

(La partie du texte de référence est copiée en-dessous)

Bonjour à toutes et tous, 
Ma voix va être discordante mais je m'en voudrais de ne pas la faire entendre au moins une fois, au nom de mes élèves. 

Nous allons, au plus tôt début mai, sortir de longues semaines de confinement, nous et nos élèves, avec tout le traumatisme que cela va représenter pour eux mais aussi pour nous. Imaginer dans la foulée "enfermer", "entasser" nos élèves dans des salles pendant 4 heures pour les faire composer ? Bonjour les risques de SSPT ! Dans toutes les classes, nous devrons gérer des pétages de plombs en direct. Avons-nous vraiment besoin de vivre cela à la rentrée ?

Nous aurons, peut-être eux, peut-être nous, perdu des proches (du COVID-19, d'autre chose) aux funérailles desquels nous n'aurons peut-être pas pu nous rendre...

Nous aurons peur, parce que l'épidémie ne sera pas terminée et que l'angoisse du risque de contamination par ton voisin de classe, par ton prof, par ton collègue, il va bien falloir faire avec. 

Je pense, en toute sincérité et en toute humanité, qu'il y aura bien mieux à faire à notre retour que d'entasser nos élèves pendant 4 heures, les uns sur les autres, pour composer.
J'avoue que, vu le niveau de panique de pas mal d'entre elles et eux en ce moment, je m'imagine mal, en plus, leur annoncer ça en ce moment. 

En vérité, je ne comprends pas le sens de cette mesure : 
- s'il s'agit de faire le point sur le niveau des uns et des autres, nous n'avons pas besoin de les enfermer 4 heures pour ça ; 
- s'il s'agit de booster les moyennes semestrielles, nous pouvons prendre en compte les travaux réalisés pendant le confinement comme des bonus (c'est facile à configurer avec pronote), éventuellement en ramassant ces travaux IRL, ce qui laisserait le temps aux élèves qui le souhaitent de revoir leurs copies. A ceux qui n'ont pas pu les produire de les reprendre. Peut-être n'organiser des temps surveillés et accompagnés que pour celles et ceux qui en auraient vraiment besoin ? Cela me paraîtrait une mesure simple, de bon sens et en fait beaucoup plus juste. 

Enfin, il y a aussi une question d'hygiène personnelle et je vous rejoins sur cette réserve : dans l'hypothèse d'un retour au lycée début mai, je ne corrigerai pas 116 copies, même si on me laisse un mois pour le faire. Revoir des travaux déjà corrigés, ça me parait possible. Corriger autant de copies originales alors qu'il y aura par ailleurs tellement à faire pour accueillir convenablement les élèves, c'est non. 

Puisqu'en première il n'y aura pas d'écrit, autant se concentrer sur l'oral et la liaison avec l'enseignement de la philosophie en terminale.
Puisqu'en seconde il n'y a pas d'examen, je pense que nous aurons tous mieux à faire pour nous-mêmes mais aussi pour nos élèves que de surveiller de longs DST.

Je sais que ce message est trop long, mais cette perspective de DST m'horrifie vraiment. J'ai vérifié et je n'ai trouvé aucun texte de cadrage qui nous imposerait ou nous interdirait de le faire : c'est normal puisque la situation est inédite. Seul le texte d’accompagnement de la mise en place de la continuité pédagogique semble, dans son esprit, bien loin de cette préconisation.

La situation est inédite, je le disais : autorisons-nous à avoir de l'imagination. Autorisons-nous, surtout, la bienveillance. 

Marie-Claude Pignol, Académie Orléans-Tours

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Courrier du lycée :

"Propositions d’organisation relatives à l’évaluation lors de la reprise des cours ...

Quelle que soit la date de retour en classe, il nous parait important de définir, pour la période qui restera à couvrir, sur les différents niveaux, des modalités d’évaluation permettant de maintenir l’assiduité et l’investissement dans les apprentissages effectués pendant puis après le confinement.
Au-delà du maintien de l’investissement , ces évaluations auront également pour but : d’une part, de nous éclairer au mieux lors des conseils de classe de seconde sur la validation des projets d’orientation, et d’autre part, en première et terminale, de mieux prendre en compte l’impact que va avoir le contrôle continu dans l’obtention du baccalauréat.

Dans cette idée, nous vous proposons dans la quinzaine qui suivra la reprise des cours .....

 En classe de seconde (palier d'orientation) : l'enjeu est de maintenir les élèves dans la continuité pédagogique afin qu'ils n'accumulent pas trop de lacunes (ce qui est vu en distanciel étant considéré comme acquis). Dans les disciplines de tronc commun, les professeurs de chaque classe évaluent les élèves en devoir surveillé. Ces évaluations sont préparées en amont durant la période de confinement. Dans les disciplines qui ne relèvent pas du tronc commun, les évaluations sont laissées à l'appréciation de chaque enseignant.

Afin de nous mettre en conformité avec ces nouvelles modalités, nous demandons aux professeurs qui ont attribué des notes ou qui vont les attribuer durant la période de confinement de les compter avec un coefficient 0.

  En classe de première (classe à examen) : l'enjeu est de permettre aux élèves d'ajuster au mieux la note de contrôle continu dans la spécialité abandonnée car elle est transformée en note de baccalauréat. Nous proposons l'organisation d'une épreuve commune à partir d'un sujet issu de la BNS. L'évaluation est préparée en amont durant la période de confinement. Le sujet d'épreuve commune d'enseignement scientifique prévu initialement le 17 mars pourra être donné lors d'un devoir commun.

  En classe de terminale (classe à examen) : l'enjeu est de permettre aux élèves méritants qui, sur le semestre, ont obtenu entre 08 et 10 de moyenne générale, de décrocher le baccalauréat au premier tour. L'autre enjeu est de permettre à l'ensemble des élèves d'aller chercher une mention supérieure à celle qu'ils pourraient obtenir uniquement par le contrôle continu. Pour tous ces élèves, l'assiduité et le travail fourni lors du confinement pourraient ainsi être valorisés. Dans chaque discipline, les professeurs évaluent leurs élèves et attribuent une note dont le coefficient sera celui d'une épreuve de baccalauréat. Les évaluations sont préparées en amont durant la période de confinement."

Soumis par   le 05 Avril 2020